Notre constat

Depuis de nombreuses années, les dérèglements climatiques et les problèmes environnementaux ont causé de nombreux dégâts qui ont majoritairement impacté les populations les plus vulnérables de notre société. Logements mal isolés, insalubrité, conditions de vie et de travail difficiles, canicules où les chibanis, chibanias ont été les premières cibles. Nombreux sont les cas où la courbe des statistiques flèche vers le haut quand il s’agit de mesurer les dégâts qui touchent ces populations vulnérables.

Les exemples ne manquent pas

La canicule 2003 a particulièrement été meurtrière en Seine-Saint-Denis, avec une surmortalité estimée à +160%, selon l’Inserm. Elle a été du même ordre dans l’Essonne (+147%), dans les Hauts-de-Seine (+161%) ou dans le Val-de-Marne (+171%).

Selon Santé Publique France, “une exposition à des températures extrêmes se traduit par une mortalité accrue des populations les plus fragiles et les plus défavorisées socialement”.

Les populations les plus vulnérables sont aux confins de notre société. Elles sont les plus touchées par la pollution atmosphérique en raison des usines majoritairement situées en périphérie des villes ou des échangeurs autoroutiers qui ne disposent d’aucun système pour limiter la pollution.

Certains métiers à haut risque sont aussi concernés. Les ouvriers sont les plus affectés par les dangers climatiques. Par leur activité, ils sont davantage exposés à des risques professionnels et psychosociaux : pénibilité, accidents de travail, expositions à des produits toxiques, déshydrations en cas de forte chaleur et décès. Selon l’Observatoire des inégalités, en France, les hommes cadres vivent 6 ans de plus que les hommes ouvriers.

Les femmes de ménage, quant à elles, sont également les grandes oubliées de la lutte écologique. Les activités de nettoyage, largement pratiquées par des femmes sous qualifiées et sous rémunérées, majoritairement issues de quartiers populaires, entraînent des dégâts écologiques considérables et une atteinte lourde à leur santé. Par la récurrence de leurs tâches, elles font face à une surexposition aux risques chimiques, dû à la composition nocive des produits utilisés (éthanol, produits pétrochimiques..), entraînant des maladies respiratoires, cardio-vasculaires ou cancérigènes.

D’autres problématiques comme l’inflation et donc l’accès difficile à une alimentation saine, gage d’une bonne santé, sont également des éléments importants à considérer pour une réelle justice écologique, sanitaire et environnementale pour toutes et tous.

S’ajoutent à cela, des inégalités qui se croisent avec d’autres déterminants socio-économiques (accès difficile ou impossible à l’emploi, à la propriété, aux services juridiques, administratifs) qui peint une société où la marginalité est au croisement de plusieurs violences. Elle est non considérée comme experte de ses réalités, et rarement prise en compte dans son humanité globale et entière.

Créer une écologie émancipatrice

En parallèle, les habitant·e·s des quartiers populaires ont longtemps eu des gestes écolos ancrés dans leur pratique culturelle et leur héritage familial. On peut citer par exemple l’économie d’énergie (souvent pour des raisons de coûts), celle de l’eau, denrée rare et considérée comme vitale et précieuse pour ces populations qui en limite le gaspillage. Tout comme le respect de la nature plus largement, ou alors le jardinage, la permaculture, dont la pratique était une habitude pour les anciennes générations immigrées, dans leurs villages d’enfance et campagnes qui les ont vu grandir.

Le projet de Banlieues Climat souhaite faire renaître cette veine écologique, déjà présente, chez ces populations. Il vise à créer une écologie émancipatrice portée par et pour les habitant·e·s des quartiers populaires. Il s’inscrit dans une continuité de transmission intergénérationnelle et dans la volonté de dessiner un avenir prometteur et serein aux jeunes populations. Un avenir où la transition écologique devient un vivier d’employabilité pour ces jeunes générations.